<\/p>\n
Le co\u00fbt de construction est, \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de celui du terrain, une composante d\u00e9cisive dans la formation du prix du logement neuf. Beaucoup de facteurs influent sur les valeurs qu’il peut prendre. Le coup de projecteur pr\u00e9sent\u00e9 ici vise \u00e0 \u00e9clairer comment ce co\u00fbt varie avec le type d’immeuble construit, maison ou immeuble collectif dans leurs principales variantes en se pla\u00e7ant du point de vue du ma\u00eetre de l’ouvrage.<\/p>\n
Les montants indiqu\u00e9s sont donc ceux qui ressortent des comptes du donneur d’ordre, \u00e0 l’initiative de la construction d’un nouvel immeuble. Pour mettre en \u00e9vidence les diff\u00e9renciations, les observations sur les prix sont rattach\u00e9es \u00e0 une typologie simplifi\u00e9e comportant 6 types d’immeuble. Ces types sont sommairement d\u00e9crits \u00e0 la figure 1, et l’on voit qu’ils correspondent, dans le sens croissant de la num\u00e9rotation, \u00e0 des hauteurs et donc g\u00e9n\u00e9ralement \u00e0 des densit\u00e9s croissantes des constructions. Directement li\u00e9es \u00e0 ces densit\u00e9s, les solutions pratiques de stationnement diff\u00e8rent selon les types, car les densit\u00e9s auxquelles correspondent les types de rang les plus \u00e9lev\u00e9s imposent que la r\u00e9alisation des parkings n\u00e9cessaires soit faite en sous-sol, sur un ou plusieurs niveaux selon les cas. Sous l’\u00e9clairage de ces pr\u00e9liminaires, les plages de valeurs selon les types sont les suivantes :<\/p>\n
\nPour \u00e9viter des confusions souvent rencontr\u00e9es, on doit se donner une d\u00e9finition stricte de ce qui est recouvert par les donn\u00e9es observ\u00e9es. Celle ici retenue correspond \u00e0 ce qui est appel\u00e9 \u201cco\u00fbts techniques\u201d chez beaucoup de professionnels et qui recouvre la somme de ce que le ma\u00eetre d’ouvrage doit payer \u00e0 des prestataires sp\u00e9cialis\u00e9s, les \u201clocateurs d’ouvrage\u201d, pour que, sur un terrain qui lui appartient, soit con\u00e7u et construit un nouvel immeuble. Cela comprend donc :
\n– les missions confi\u00e9es \u00e0 des prestataires intellectuels, pour concevoir le nouvel immeuble et conduire sa r\u00e9alisation : architectes, bureaux d’\u00e9tudes techniques, ma\u00eetre d’\u0153uvres d’ex\u00e9cution, pilotes de chantier, contr\u00f4leurs techniques ;
\n– les march\u00e9s de travaux pass\u00e9s avec des entreprises de BTP, que ceux-ci soient pass\u00e9s \u00ab\u00a0en entreprise g\u00e9n\u00e9rale\u201d \u2013 c’est \u00e0 dire globalement \u00e0 une entreprise principale qui sous-traite \u00e0 des corps d’\u00e9tats sp\u00e9cialis\u00e9s – ou \u00ab\u00a0par corps d’\u00e9tat s\u00e9par\u00e9s\u201d- le ma\u00eetre d’ouvrage a alors un lien de droit direct avec chacun des corps d’\u00e9tat qui interviennent.
\nCela ne contient donc pas les autres frais du ma\u00eetre d’ouvrage,\u00a0qui peuvent \u00eatre consid\u00e9rables :
\n– les taxes li\u00e9es \u00e0 la construction et les droits forfaitaires exig\u00e9s pour le raccordement aux r\u00e9seaux ;
\n– les prestataires assistant le ma\u00eetre d’ouvrage pour des t\u00e2ches qui ne sont pas directement li\u00e9es \u00e0 la construction de l’immeuble (comptables, conseils divers, courtiers) ;
\n– les assurances relevant du ma\u00eetre d’ouvrage (mais celles des prestataires sont inclues dans leurs march\u00e9s) ;
\n– les frais financiers ;
\n– les frais commerciaux, pour les ma\u00eetres d’ouvrage qui construisent pour vendre ;
\n– la TVA. L’incidence de la TVA varie selon la nature des ma\u00eetres d’ouvrage et leur place dans le processus de production. Pour neutraliser cette source de diff\u00e9rence, les montants pr\u00e9sent\u00e9s sont tous exprim\u00e9s hors taxes ;
\n– les frais g\u00e9n\u00e9raux du ma\u00eetre d’ouvrage.
\nLa construction de maisons \u201c\u00e0 l’unit\u00e9\u201d n\u00e9cessite une d\u00e9finition particuli\u00e8re. En effet, dans ce cas, qui repr\u00e9sente toujours plus de la moiti\u00e9 de la surface de plancher neuve construite chaque ann\u00e9e en France, le ma\u00eetre d’ouvrage stricto sensu <\/em>est le particulier qui est, ou se rend, propri\u00e9taire du terrain et y fait construire une maison. Pour cette construction, dans la tr\u00e8s grande majorit\u00e9 des cas, il a recours \u00e0 un constructeur de maisons individuelles, professionnel sp\u00e9cialis\u00e9 appel\u00e9 CMI dans le jargon professionnel \u2013 \u201cpavillonneur\u201d par ceux qui ne l’aiment pas. Celui-ci n’est pas, \u00e0 proprement parler, un entrepreneur de b\u00e2timent, il ne dispose pas de personnel de chantier ni de mat\u00e9riel technique mais c’est un ensemblier, qui prend la responsabilit\u00e9 globale de la construction et a lui-m\u00eame recours aux entreprises et locateurs d’ouvrages. Il y a alors, entre lui et le particulier qui \u201cfait construire\u201d, passation d’un contrat de construction de maison individuelle, dont la plupart des clauses sont fix\u00e9es par la loi et d’ordre public. Ce contrat d\u00e9finit une obligation globale de r\u00e9sultat pour le CMI, recouvrant pour une part des co\u00fbts qui rel\u00e8vent des autres frais du ma\u00eetre d’ouvrage dans les autres processus, promotion immobili\u00e8re ou construction par un bailleur locatif. Retenir dans l’analyse le montant global de ce contrat fausserait donc la comparaison. Aussi, dans ce cas de la maison \u00e0 l’unit\u00e9 avec intervention d’un CMI, les co\u00fbts de construction sont observ\u00e9s dans les comptes du CMI, consid\u00e9r\u00e9 comme le ma\u00eetre d’ouvrage d’un point de vue \u00e9conomique.
\nReste, pour les maisons, le cas des particuliers qui n’ont pas recours \u00e0 un CMI, et passent effectivement des contrats distincts avec les locateurs d’ouvrage. Ils sont tr\u00e8s minoritaires, le montant de leur projet est g\u00e9n\u00e9ralement plus \u00e9lev\u00e9 et les sources d’information sur les prix pratiqu\u00e9s sont tr\u00e8s incertaines. Ils ne sont pas pris en compte dans les r\u00e9sultats pr\u00e9sent\u00e9s ici dont le champ, nonobstant cette lacune dont le volume est restreint, couvre plus de 90 % de la construction neuve de logements.
\nLa qualit\u00e9 des prestations incorpor\u00e9es \u00e0 l’immeuble construit a une incidence sur le co\u00fbt. Pour rendre les choses comparables, les chiffres pr\u00e9sent\u00e9s sont cal\u00e9s sur les standards les plus courants int\u00e9grant les \u00e9volutions r\u00e9glementaires des derni\u00e8res ann\u00e9es, et en particulier :
\n– isolation et syst\u00e8mes de chauffage remplissant les obligations de la r\u00e9glementation thermique RT 2012 ;
\n– pas de climatisation ;
\n– hauteurs sous plafond standard de 2,50 m, sols en parquets coll\u00e9s ou \u00e9quivalent dans les pi\u00e8ces de vie, carrelages dans les pi\u00e8ces humides .
\n– \u00e9quipement standard des salles d’eau. Pas de cuisine \u201c\u00e9quip\u00e9e\u201d, ni aucun ameublement.
\nA noter que l’observation porte sur des logements familiaux classiques, en maison ou en appartement, en excluant les r\u00e9sidences sp\u00e9cialis\u00e9es et les diff\u00e9rentes formes de logements-foyers. En outre les co\u00fbts int\u00e8grent l\u2019obligation que le nouvel immeuble offre une place de stationnement de v\u00e9hicule par logement, minimum exig\u00e9 comme condition d\u2019obtention du permis de construire jusqu’\u00e0 une date r\u00e9cente (dans de tr\u00e8s nombreux cas, c’est davantage). Depuis la loi ALUR cette contrainte, qui est une composante importante du prix, s’est all\u00e9g\u00e9e pour certains ma\u00eetres d’ouvrage, et dans certaines localisations. Cet assouplissement est trop r\u00e9cent et reste trop exceptionnel pour \u00eatre int\u00e9gr\u00e9 dans les chiffres pr\u00e9sent\u00e9s. Pour en ramener l’incidence \u00e0 la surface construite, les r\u00e9sultats expos\u00e9s prennent en compte 1\u00a0place pour 105\u00a0m\u00b2 pour les maisons, et 1\u00a0place pour 60\u00a0m\u00b2 pour les appartements en immeuble collectif, en consid\u00e9rant les surfaces moyennes des logements dans chacun de ces cas.<\/p>\nUne typologie selon la hauteur et la complexit\u00e9<\/strong><\/h3>\n
\nEst \u00e9galement pr\u00e9cis\u00e9 dans la typologie ce qui concerne les accolements des immeubles (accolements parfois improprement appel\u00e9s \u201cmitoyennet\u00e9s\u201d). En effet, on rel\u00e8ve que le fait que la construction nouvelle comporte un c\u00f4t\u00e9 accol\u00e9 \u00e0 un immeuble pr\u00e9existant, avec l’obligation de pr\u00e9server sa stabilit\u00e9 et de conduire le chantier sans trop nuire \u00e0 son usage, est un facteur d’augmentation des co\u00fbts, augmentation croissant rapidement avec le nombre de niveaux de sous-sols de la construction nouvelle. Ce facteur d’augmentation est \u00e9videmment amplifi\u00e9 lorsque le nouvel immeuble est accol\u00e9 des deux c\u00f4t\u00e9s \u00e0 des immeubles pr\u00e9existants, cas tr\u00e8s fr\u00e9quent des \u201cdents creuses\u201d en zone urbaine.
\nLe choix a en outre \u00e9t\u00e9 fait de rapporter les co\u00fbts observ\u00e9s au m\u00e8tre carr\u00e9 habitable<\/em>, c’est \u00e0 dire \u00e0 la surface privative int\u00e9rieure des logements, d\u00e9duction faite de l’emprise des cloisonnements. Ce choix doit \u00eatre gard\u00e9 \u00e0 l’esprit, car d’autres \u00e9tudes retiennent d\u2019autres param\u00e8tres de mesure, comme la surface hors \u0153uvre nette<\/em> (la fameuse SHON), ou encore la surface de plancher<\/em> (SDP) depuis son introduction dans la r\u00e9glementation en 2011. Ces param\u00e8tres ont certes l\u2019avantage d\u2019\u00eatre facilement accessibles dans les \u00e9tudes statistiques car figurant toujours dans les autorisations administratives, mais ils int\u00e8grent les surfaces de plancher correspondant aux parties communes des immeubles collectifs hors celles de stationnement. Ces parties communes sont donc celles correspondant aux entr\u00e9es d\u2019immeubles, aux couloirs et coursives de distribution avant d\u2019arriver \u00e0 la porte de chaque lot privatif. Elles sont donc inexistantes pour la maison individuelle, et pour les immeubles collectifs elles sont d\u2019autant plus importantes au regard de la surface habitable privative que l\u2019immeuble est de grande taille et surtout que sa forme est contrainte par la configuration du parcellaire. Il semble clair que la surface habitable privative et int\u00e9rieure de chaque lot (on dit parfois la surface balayable) est la grandeur qui exprime le plus justement le service ressenti par l\u2019habitant quant \u00e0 la taille de son logement. Accessoirement ce choix affranchit, pour les \u00e9tudes conduites sur de longues p\u00e9riodes, de la rupture de d\u00e9finition induite par la nouvelle r\u00e9glementation de 2011.
\nOn doit s’arr\u00eater sur les sources des donn\u00e9es chiffr\u00e9es qui sont pr\u00e9sent\u00e9es : pour les immeubles collectifs, elles sont issues de \u00ab\u00a0balances financi\u00e8res par programme\u201d que la pratique professionnelle conduit pratiquement tous les ma\u00eetres d’ouvrage \u00e0 \u00e9tablir pour chaque projet, et qui sont examin\u00e9es et discut\u00e9es dans les comit\u00e9s d’engagement ou comit\u00e9s d’investissement, qu\u2019il s\u2019agisse de promoteurs priv\u00e9s ou de bailleurs sociaux. Une source compl\u00e9mentaire est constitu\u00e9e par les dossiers d\u00e9taill\u00e9s et justifi\u00e9s que les promoteurs sont amen\u00e9s \u00e0 pr\u00e9senter pour obtenir les pr\u00eats \u00e0 court terme dits \u201cpr\u00eats d\u2019accompagnement\u201d, qui leur sont indispensables pour acheter le terrain et financer les travaux en attendant que les appels de fonds aupr\u00e8s des acqu\u00e9reurs ne prennent le relais. Ces pr\u00eats sont d\u00e9livr\u00e9s par des banquiers sp\u00e9cialis\u00e9s, ou par des d\u00e9partements sp\u00e9cialis\u00e9s de grandes banques g\u00e9n\u00e9ralistes qui, pour \u00e9valuer les demandes de cr\u00e9dit qui leur sont faites, ont progressivement impos\u00e9 des standards de pr\u00e9sentation, ce qui explique que ces \u201cbalances financi\u00e8res pr\u00e9visionnelles\u201d, se retrouvent sous des formes tr\u00e8s voisines et comparables chez presque tous les promoteurs. Les dossiers exploit\u00e9s couvrent les diff\u00e9rentes r\u00e9gions, exclusivement en France m\u00e9tropolitaine, et des observations sur pr\u00e8s de 3 d\u00e9cennies, pour des ma\u00eetres d’ouvrage diversifi\u00e9s, aussi bien des bailleurs sociaux que des promoteurs priv\u00e9s, observations toutes ramen\u00e9es en valeur 2018 en utilisant l’indice INSEE du co\u00fbt de la construction (ICC). Pour les maisons construites par des CMI, les donn\u00e9es sont issues de l’analyse de leurs catalogues, et de contrats de CMI effectivement r\u00e9alis\u00e9s, rapproch\u00e9s de l’analyse de leurs comptes d’exploitation pour \u00e9valuer le poids de leurs co\u00fbts directs dans la formation de leurs prix de vente. Que ce soit pour les immeubles collectifs ou pour les maisons, on est donc tr\u00e8s loin d’un \u00e9chantillonnage de repr\u00e9sentativit\u00e9 contr\u00f4l\u00e9e, mais ce qui est pr\u00e9sent\u00e9 est le reflet des pratiques et r\u00e9f\u00e9rences des acteurs professionnels et des points de rep\u00e8re qui guident leurs d\u00e9cisions dans chacune de leur sp\u00e9cialit\u00e9. Il s’agit donc de donn\u00e9es \u00ab\u00a0\u00e0 dire d’expert\u201d, dont il serait inappropri\u00e9 de tirer m\u00e9dianes, moyennes ou \u00e9carts-types, mais dont on ne doit consid\u00e9rer que les ordres de grandeur. C’est pourquoi dans les r\u00e9sultats pr\u00e9sent\u00e9s, sont seulement indiqu\u00e9es les plages de valeur selon les types d’immeubles, plages \u00e0 l’int\u00e9rieur desquelles se rencontrent les observations. Cette information \u00ab\u00a0rustique\u201d n’est significative que du fait des diff\u00e9rences tr\u00e8s marqu\u00e9es qui ressortent \u00e0 l’int\u00e9rieur de la typologie pr\u00e9sent\u00e9e.<\/p>\nLes co\u00fbts de construction augmentent tr\u00e8s fortement avec la hauteur et la complexit\u00e9<\/strong><\/h3>\n